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Prusse, gavée de Pologne, a fait la paix avec la France depuis deux ans. La Russie est trop loin. Un général républicain qui, dix-huit mois plus tôt, battait le pavé de Paris, va négocier avec le César germanique. De la rue Saint-Honoré et de l’Église Saint-Roch, la « commotion de Vendémiaire » l’a conduit a Léoben.

Le conseil aulique de Vienne n’avait plus qu’un militaire à lui opposer, mais c’était le plus illustre de tous, c’était l'archiduc Charles, celui qui, en faisant repasser le Rhin à Marceau et à Jourdan, avait ruiné l'espoir d’une jonction entre les armées françaises d’Allemagne et d’Italie pour marcher sur la capitale des Habsbourg. Au moment de se porter contre l’archiduc, Bonaparte demande vainement à Paris que l’offensive soit reprise en Bavière. On ne l’écoute pas. Rien n'est fait. Le Directoire est sans force, sans décision. Pour cette campagne d'Italie, la dernière, Bonaparte est livré à lui-même. Il ne partagera donc le succès avec personne. Seulement, par son insistance, il aura reçu de l’armée du Rhin des renforts importants qui lui donneront pour la première fois l'égalité numérique avec l’ennemi et qui lui permettront d’en finir plus tôt.

À peine cette septième campagne a-t-elle un nom de victoire. Ce n’est qu’une longue marche en avant, une marche victorieuse où se flétrissent les lauriers de l’archiduc. Le Tagliamento franchi, l’Isonzo l’est à son tour. En moins de trois semaines, les Autrichiens sont rejetés au delà du Brenner, l’Allemagne envahie, la route de Vienne ouverte. La famille impériale mettait à l’abri ce qu’elle avait de plus précieux, songeait à fuir. Une petite fille de cinq ans était envoyée en Hongrie, loin de ces affreux soldats jacobins qui approchaient. Elle s'appelait l’archiduchesse Marie-Louise.

Le vainqueur, pourtant, ne songe pas à aller jusqu’à Vienne. Il n’en a pas les moyens et quelque soin qu’il prenne de rassurer et de bien traiter les