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CHAPITRE VII

LE MAITRE DE LA PAIX


Les historiens de Bonaparte qui donnent trop de place au récit de ses campagnes n’aident pas à voir clair. Cette gloire des armes éblouit. Elle rejette le restant dans une sorte de demi-jour. Pour Napoléon, virtuose de la stratégie et, peu à peu, devenu trop sûr de son instrument et de lui-même, l’art militaire n’était pas tout. Il était un moyen. Mais, en Italie, ses faits de guerre comptent plus qu’ailleurs pour l’explication de sa fortune. Ils l’ont rendu illustre, d’abord. Et puis, par l’intelligence avec laquelle il sut les marier à la politique, ils ont fait de lui, en peu de temps, plus qu’un général victorieux. Surveillant à la fois l’ennemi, l’Italie, la France, attentif aux événements de Paris, apte à saisir les mouvements de l’opinion publique, à calculer les forces alternantes ou parallèles des deux courants, celui de la révolution guerrière et celui de la réaction pacifique, on le voit, de son camp, s’élever peu à peu à un plus grand rôle que celui de proconsul, agir sur la marche des choses, les modeler lui-même, en décider jusqu’à devenir déjà l’homme dont on se dit qu’il procure tout ce qu’on désire et qu’il concilie tout. Il faut donc encore le suivre dans les marches et dans les contre-marches dont il accable les Autrichiens et dans les résultats qu’il tire de ses succès.

L’Autriche, alors, c’était l’Empire, et l’Empire, c’était l’Allemagne. L’Autriche vaincue, il n’y aurait plus en Europe d’adversaire qui comptât. La