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le principal personnage et le héros. Désintéressé des vivants, le spectacle fut la seule occupation de son esprit. Se passant du monde, et n’ayant sans doute pas assez de richesse dans sa pensée pour se créer un monde à lui-même, il planta autour de sa vie des décors.

L’amusement qu’il prenait, étant jeune homme, au théâtre, n’était pas devenu avec les années un goût de lettré ou d’amateur. C’est aux événements mêmes qui se déroulaient entre les frises et la rampe que continuait de s’attacher son intérêt. C’est pourquoi la présence de la foule, le bruit des spectateurs, les lorgnettes braquées sur la loge royale, étaient des détails odieux qui l’irritaient, qui troublaient son illusion plus encore que son plaisir. Aussi ne tarda-t-il pas à concevoir l’idée de faire jouer des pièces pour lui seul : ce furent ces représentations privées qui établirent en Europe la réputation d’originalité et de néronisme de Louis II.

Il avait commencé par assister aux répétitions du théâtre de Munich. La salle vide et sombre, la solitude, voilà ce qui devait lui plaire. Le roi en vint très vite à ne pouvoir admettre le spectacle dans d’autres conditions. Désormais, les acteurs durent jouer pour lui seul, les portes étant rigoureusement condamnées, et les rares personnes qu’il honorât d’une invitation priées de se dissimuler et de se taire. L’orchestre était caché selon les préceptes de Bayreuth. Défense aux musiciens de montrer la tête. Le théâtre est attenant à la Résidence, et le roi avait accès directement dans sa loge. Il assistait immobile à ces représentations, glaçant quelquefois les comédiens, habitués au contact, à la sympathie du public, et qui n’étaient pas loin — les femmes surtout — de considérer Louis II comme un bourreau plus encore que comme un maniaque. Quoique souvent il récompensât avec générosité pour le plaisir qu’il avait pris, la passion du roi ne