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lers de la couronne, alarmés, eurent l’idée d’assagir le jeune souverain par le mariage. Il eût été difficile de faire accepter à Louis II une combinaison politique et diplomatique. Par une circonstance heureuse, ce roi pouvait trouver une femme sans passer par le protocole. Sa cousine, la princesse Sophie, sœur de l’impératrice Élisabeth d’Autriche, avait eu le don de lui plaire. Les fiançailles eurent lieu en janvier 1867.

Ce fut une éclaircie après les défaites que venait de subir la Bavière. La jeune princesse était populaire. Sans posséder la royale beauté de sa sœur, elle était douée d’un charme incomparable. De son côté, Louis II, malgré la fronde des antiwagnériens et les dififcultés des derniers mois, gardait l’affection de son peuple. Ce projet de mariage jetait de la joie et de la clarté sur la Bavière humiliée et vaincue. En Europe, dans les cours, on regardait avec sympathie cette idylle royale, car déjà la renommée de Louis II, idéaliste, rêveur, artiste, passait à l’état de légende. L’impératrice Eugénie, traversant Munich pour se rendre à Vienne, s’arrêtait à dessein pour connaître le prince charmant. On dit même qu’en dépit de l’étiquette elle embrassa sur les deux joues le jeune souverain, qui pensa mourir de confusion.

Le mariage princier fit, un mois durant, l’amusement de l’Europe, sur qui planaient alors tant d’inquiétudes. Ce couple semblait d’heureux augure. On voulait voir partout des gages de tranquillité et de paix. On en trouvait un dans la fraîcheur de ces fiançailles.

Cependant, un vieillard, qui connaissait sa race et son sang, hochait la tête, prévoyant et incrédule. C’était Louis Ier, qui continuait à se consoler de la perte de son trône par une vie de voyageur et d’artiste. Il était à Pompéi lorsqu’il apprit le mariage de son petit-fils. Et, devant une fresque dont l’Adonis ressemblait étrangement à Louis II, le vieil