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à travers la presse étrangère et d’acres laquelle le roi, dégoûté du pouvoir, aurait eu l’intention de voyager en Europe pendant plusieurs années et, ce temps durant, eût remis la régence à l’un des princes de sa famille. À son tour, la Gazette de Bavière, organe à peu près officiel, était obligée de nier encore plus formellement. Mais l’opinion n’en était pas moins troublée, et mille questions assiégeaient la curiosité publique. Dès ce moment, le bourgeois de Munich, quand il s’agissait du roi, commençait à parler d’esprit faible et de folie.

Cependant, Louis II est loin de donner prise à des inquiétudes aussi graves. Il n’est pas encore le misanthrope, l’ennemi de la foule, le farouche solitaire qu’il deviendra plus tard. Au contraire, il reçoit souvent. Il est aimable : les diplomates, les hommes politiques le disent. Il figure sans contrariété à toutes les cérémonies publiques où sa place est marquée : par exemple, suivant la coutume, à la procession de la Fête-Dieu, où « la bonne mine de Sa Majesté réjouit ses fidèles sujets », comme dirent les gazettes le jour suivant. En juin, il s’est rendu aux eaux de Kissingen, où se sont rencontrés plusieurs souverains allemands. Et, — grâce à sa cousine l’impératrice Elisabeth d’Autriche, pour laquelle il éprouva toujours la plus vive, la plus fraternelle sympathie, grâce aussi peut-être, nous le verrons, à des fiançailles ébauchées, — il s’est plu dans cette société de princes qu’il évitera, par la suite, avec tant de soin. Car, étant allé, le 30 juin, à Aschaftenbourg avec son grand-père Louis Ier pour les fêtes anniversaires de la réunion de cette ville à la Bavière, il est retourné à Kissingen, où il a passé quinze jours encore.

Il met le plus grand zèle à remplir ses devoirs de chef d’État. Chaque ministre a, dans la semaine, un jour marqué pour lui faire son rapport. Et voici, d’après les journaux,