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tant pour remplir sa tâche difficile, sur les lumières et les forces que Dieu lui enverra », dit-il, le 30 mars, au Conseil d’État, après avoir prêté serment.

Le premier acte important du jeune roi ne fut pas politique. Et l’on se doute bien qu’en somme il devait en être ainsi.

Après avoir, obéissant au protocole, assisté à toutes les cérémonies nécessaires, reçu les serments de fidélité des fonctionnaires et les lettres de créance des ambassadeurs, rempli en conscience toutes les corvées de sa fonction, il se retira dans son château de Berg, près du lac de Starnberg, aux environs de Munich. Là, il continuerait de venir chercher le plaisir du rêve solitaire. Mais il est désormais son maître. Il a les moyens d’étonner le monde. Par quel acte rare, révélateur de ses idées, de ses goûts, de sa personnalité, fera-t-il ses débuts dans la carrière néronienne ? Des attitudes de théâtre, une pose d’art, sont sa faiblesse. Le quelque chose que fera Louis II signifiera « Moi aussi, je suis un artiste »

Le jour de ses seize ans, Louis II, à l’Opéra de Munich, avait vu Lohengrin. Ç’avait été un coup, une révélation, une date. Le chevalier au cygne, les légendes de Hohenschwangau, tout le roman au milieu duquel il avait vécu son enfance imaginative, il le retrouvait avec le décor de la scène : sur des nerfs trop bien préparés, la musique wagnérienne exerça tout de suite son enchantement. Wagner entrait chez lui en pleine crise de puberté le « vieux magicien » remporta une de ses victoires coutumières. Il n’était d’ailleurs pas besoin d’un bien grand sortilège pour hypnotiser Louis II.

Musicien, empressons-nous de le dire, Louis ne l’était à aucun degré. Ses professeurs n’étaient pas même arrivés à faire de lui un pianiste convenable, et ils perdaient à ce