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le goût déplorable. C’est sa mère, la reine Marie, qui a fait collection de porte-bouquets et de salières à l’image de l’oiseau des lacs : naïve distraction de petite cour allemande, où les familles royales ont des mœurs bourgeoises. Plus tard, le faste de Louis II se ressentira cruellement de ces médiocres débuts et de cette éducation artistique vraiment un peu négligée. L’imagination seule s’était nourrie chez lui, et elle devait toujours rester puérile.

Cependant, l’adolescent s’abandonnait à une étrange apathie. On lui avait donné pour précepteur cet Ignace de Dœllinger que son essai de schisme devait rendre fameux. Dœllinger s’alarmait des longues rêveries, des heures vides et sans ennui dont il ne parvenait pas à tirer son élève qu’on ne voyait passionné ni aux jeux ni à la lecture. Ses escapades consistaient à s’en aller, au clair de lune, méditer dans un cimetière. La sensibilité se développait. La vie, l’énergie, ne s’affirmaient pas.

Maximilien, le roi philosophe, avait tracé de sa main un programme d’études pour l’héritier de la couronne. L’exemple que la monarchie bourgeoise avait donné en France se répandait à travers l’Europe. Louis-Philippe avait envoyé ses fils au lycée. Maximilien voulut que le sien reçût une bonne éducation de classe moyenne. Le jeune prince, d’une intelligence vive, mais capricieuse, bâillait à plus d’une leçon trop bien faite. Les sciences exactes le rebutèrent. On lui avait donné pour professeur le chimiste Liebig, un utilitaire pesant. Louis II dressé par Liebig : le contraste n’est pas sans comique. Comme Dœllinger, Liebig échoua complètement à faire de Louis II, selon le programme de Maximilien, un roi qui n’eût pas été que le premier fonctionnaire de l’État, un fonctionnaire appliqué, modeste, sans imagination.

Déjà, d’ailleurs, le jeune homme manifeste ses goûts, dont