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les murs du parc de Berg, qui l’avaient averti de leur présence. On a dit et écrit que l’impératrice Elisabeth elle-même avait organisé cet enlèvement, essayé d’arracher aux geôliers son ami, son âme-sœur : la « Colombe » rendait service à « l’Aigle ». Peut-être saurons-nous un jour si vraiment la plus tragique des impératrices a voulu ajouter ce chapitre aux aventures royales du siècle. Mais le mystère continue de planer sur la mort de Louis II, et nous ne croyons pas que les déductions les plus raisonnablement formées réussissent jamais à convaincre personne que Louis II est mort, non par assassinat ou par suicide, mais d’un simple coup de sang, en voulant fuir un château transformé en maison de santé.

Ainsi mourut Louis II dans la mystérieuse et sanglante tragédie du lac de Starnberg. Quel cinquième acte d’une vie romantique !

Cet épilogue venait à point pour consacrer la légende qui commençait à se former autour du roi de Bavière. À Munich, l’opinion fut retournée. Quand on connut la nouvelle de cette agonie, on en fit remonter la responsabilité au prince-régent. La sympathie se réveilla pour Louis II. Une certaine effervescence courut même la ville, toujours restée frondeuse, et le prince Luitpold, qui décidément avait du goût pour la manière forte, fit arrêter ceux qui disaient trop haut qu’il avait commis une mauvaise action. De nos jours encore, bien des Bavarois reprochent au régent d’avoir sur la conscience la mort de ce neveu dont il a pris le palais et la couronne.

Le Gouvernement s’empressa d’ailleurs de justifier et de légaliser ses actes. Médecins et juristes démontrèrent à l’envi que tout s’était passé selon les règles et le plus correctement