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Le Dr Müller se flatte d’avoir distingué que le roi n’était pas aussi tranquille qu’il affectait de le paraître. Il reçut l’aveu des craintes qui hantaient son malade. Louis II, causant avec lui dans la journée même du 13, revint sur les appréhensions qu’il avait déjà manifestées à Neuschwanstein d’être empoisonné, ou bien enfermé pour le reste de ses jours. Son désir de recouvrer l’indépendance n’en était par conséquent que plus vif.

Ce dimanche de Pentecôte, 13 juin, vers la fin de l’après-midi, le roi envoya chercher le Dr Gudden pour la promenade qui était convenue. Le temps était couvert, maussade, et des ondées n’avaient cessé de tomber depuis le matin. Gudden dit aux infirmiers qu’il était inutile que personne le suivît. Il disparaissait bientôt, en compagnie du roi, derrière les sapins du parc.

Gudden avait annoncé que la promenade durerait une heure. À sept heures et demie, le Dr Müller sortait à son tour du château et marchait à sa rencontre. La pluie tombait plus fort, et la nuit était déjà venue. Il s’abrita dans un des pavillons du parc.

Après quelques minutes d’attente, Müller, qui savait combien Gudden était ponctuel, commença de s’impatienter. Bientôt ce fut de l’inquiétude. Il revint au château, envoya deux gendarmes à la recherche des promeneurs. Les gendarmes ne reparaissant pas, il se hâta de prévenir le baron de Washington, et à huit heures et demie tout le personnel du château fouillait le vaste parc. On télégraphia à Munich : « Le roi et le Dr Gudden disparus. » Mais déjà tout le monde était convaincu de leur mort.

À dix heures et demie, un domestique trouva sur le bord du lac, à un endroit où la berge descend en pente très douce, le chapeau et l’agrafe de diamant de Louis II. Un peu plus