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mission. C’est à ses soins que le roi, considéré désormais comme un malade, devait être confié. On a beaucoup discuté sur le caractère de Gudden, autant que sur les mobiles qui l’avaient poussé à accepter cette tâche pénible. Gudden, en tout cas, ne se dissimulait pas les difficultés au-devant desquelles il allait. Animé par une sorte de pressentiment : « Oui, oui, je reviendrai vivant ou mort » avait-il dit à sa femme à l’heure du départ, sur le ton de la plaisanterie. Quatre jours après, avait lieu la catastrophe.

Le 9 juin, tandis que le baron de Malsen prévenait la reine-mère, par ordre, des événements qui se préparaient, la Commission partait de Munich, comptant surprendre le roi à Neuschwanstein.

Louis II, depuis quelque temps, était averti qu’une intrigue était tramée contre lui. Par qui était-il informé ? On ne sait trop. Par le comte Dürckheim-Montmartin, peut-être, major dans l’armée bavaroise, qui lui était dévoué et auquel il témoignait de la faveur. Dürckheim-Montmartin, nature généreuse et droite, fut son unique ami dans ce moment critique où tous l’abandonnaient. Ce fut lui qui se chargea d’envoyer à Berlin un télégramme où Louis II réclamait le secours de Bismarck preuve supplémentaire du peu de défiance dont Louis II, à tort ou à raison, était animé à l’endroit du chancelier. Celui-ci, dans une conversation qu’il accorda quelque temps avant sa mort à un journaliste, M. Menninger, a confirmé ce détail, en avouant d’ailleurs qu’il avait laissé les événements suivre leur cours :

« Dans ce funeste mois de juin 1886, déclara-t-il à M. Menninger, alors qu’une catastrophe paraissait imminente, le comte Dürckheim, aide de camp du roi, m’informa par un télégramme déposé à Reutte, dans le Tyrol, de la gravité de la situation, implorant mon intervention en faveur de Louis II.