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Majesté souffre de cette forme de maladie mentale, bien connue par expérience des médecins aliénistes, et qu’on nomme « Paranoia ». 2° Considérant la nature de cette maladie, son développement lent et continu, et sa longue durée, qui comprend déjà un assez grand nombre d’années, nous devons la déclarer incurable, et l’on peut même prévoir que, de plus en plus, Sa Majesté perdra ses forces intellectuelles. 3° La maladie ayant complètement détruit, chez Sa Majesté, l’exercice du libre arbitre, il faut La regarder comme incapable de conserver le pouvoir, et non pas pendant une année seulement, mais durant tout le reste de sa vie.

Fait à Munich, le 8 juin 1886
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« Drs von Gudden, Hagen, Grashey, Habrich. »

Ce certificat rédigé, il ne s’agissait plus que de notifier à Louis II sa déposition, puis de l’interner dans l’une de ses résidences. Linderhof avait été choisi d’abord. La chose faite, une proclamation apprendrait aux Bavarois qu’ils avaient un gouvernement nouveau. Les Chambres, dont on ne doutait pas, ratifieraient le fait accompli.

Le point délicat du programme, c’était de signifier à Louis II sa déchéance.

On imagina de lui envoyer une sorte d’ambassade officielle, composée de ministres d’État, chargée de l’avertir des conclusions rédigées par les aliénistes et de l’inviter à renoncer au trône. Ce devait être, comme dirent avec une ironie cruelle les journaux de Munich, « la dernière audience de Sa Majesté ». Les ambassadeurs étaient le baron de Crailsheim, secrétaire d’État aux Affaires étrangères ; le comte Holnstein, grand écuyer de la cour ; le comte Toerring, conseiller d’État ; le lieutenant-colonel baron de Washington, qui avait été un des rares camarades d’enfance de Louis II ; enfin, quelques personnages officiels de second rang. Escorté de plusieurs infirmiers, le Dr Gudden avait été adjoint à la