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pour le règlement des dettes de la liste civile. Le 5 mai, le Conseil des ministres rédigea une adresse au roi. Il y suppliait Sa Majesté d’arrêter le flot de ses dépenses, de penser au royaume et à la dynastie. Louis II entra dans une violente colère en recevant ces reproches. Et, en réponse à ses ministres, il leur fit savoir qu’il formait un cabinet à son goût, dont le président serait le coiffeur Hope, et les membres l’intendant Hesselschwerdt, des cuisiniers et des piqueurs. Cette fois, s’il y avait ironie, l’ironie était formidable. Qu’il eût ou non parlé avec sérieux, la perte du roi, après cet échec, était décidée.

Ce n’était pourtant pas une opération facile à exécuter que la déposition de Louis II. Il s’agissait de prononcer une double incapacité, celle du roi, de son frère le prince Othon, et de transmettre la régence à leur oncle le prince Luitpold. Mais d’abord, il fallait s’assurer de la personne de Louis qu’on savait assez lucide pour résister, protester, se plaindre hautement, devant son peuple et devant l’Allemagne, de la violence qui lui serait faite. Dans le pays tyrolien surtout, où résidait Louis II, où il était aimé, où le loyalisme était ardent, on pouvait craindre des troubles, une redoutable chouannerie de montagnards. Tout fut organisé avec méthode et avec prudence, mais, comme on va le voir, avec un manque d’égards tout à fait choquant et inélégant peur la personne du malheureux roi.

On a beaucoup dit que la déposition de Louis II avait été voulue et organisée à Berlin. Il est permis d’en douter. Assurément, rien de ce qui s’est passé en Bavière, en 1886, n’a pu se faire sans la permission de Bismarck. Mais en