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anciennes de l’Europe, plus vieille même que les Capétiens, à plus forte raison que les Hohenzollern.

Louis Ier, le grand-père de Louis II, fut un des excentriques royaux les plus notoires du XIXe siècle, et qui faillit bien compromettre la couronne tout fraîchement acquise par son père.

Louis Ier fut véritablement un roi artiste. Il avait passé sa jeunesse dans une société de peintres et de sculpteurs, avec lesquels il fit de longs séjours en Italie. Poète lui-même, il composait des vers, d’une gracieuse banalité. Dans son premier recueil, paru en 1829, il chantait Rome et la Grèce. Ses poésies amoureuses et sentimentales ne manquent pas d’un certain charme ; on imprime encore ses distiques sur les calendriers bleus que consultent les jeunes filles d’Allemagne. Mais on retrouve aussi chez lui l’inspiration religieuse et surtout guerrière. Ce prince dilettante était un fougueux patriote. Il appartenait à une nouvelle génération allemande, anti-française, celle qu’avaient formée les brutalités de l’occupation napoléonienne. Encore adolescent, Louis rougissait des faiblesses de son père pour Napoléon. Il reniait cette alliance honteuse. Il alla même jusqu’à conspirer, et un conseil de guerre français, instruit de ses desseins de trahison, le condamna à mort. L’empereur le fit remettre en liberté par mépris et se contenta de dire « Qui m’empêche de faire fusiller ce prince ? »

Devenu roi, Louis Ier put satisfaire sa manie de construction et d’imitation. C’est à lui que la Munich moderne doit d’être ce qu’elle est. « Je veux en faire, disait-il, une ville qui honore tellement l’Allemagne que personne ne puisse se vanter de connaître l’Allemagne sans avoir vu Munich. » Le résultat ne fut peut-être pas aussi brillant que le bon roi Louis l’avait espéré.