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rien sacrifier des plaisirs de son âge à ce qu’il appelait lui-même son « métier de roi », Louis XIV commença cette ascension continue vers la grandeur avec cette application qu’a si bien définie Charles Maurras : « Une ardeur de volonté et de raison ».

Les Français comprirent tout de suite la pensée profonde du monarque ou plutôt c’était lui qui avait compris les besoins de la France. Elle lui ouvrit un crédit illimité, grâce auquel il put abolir les derniers vestiges des anciennes erreurs et nouer cette collaboration d’une nation et d’un prince comme il n’en existe pas d’autre exemple dans l’histoire.

On en sait les résultats : le « pré carré » presque achevé, le prestige de la France porté en Europe à un point qui ne devait plus être dépassé, une prospérité inouïe dans le royaume, une incomparable floraison des lettres et des arts, nos frontières inviolées pour un siècle, en un mot le siècle de Louis XIV.

Aussi bien le Grand Roi se passionnait-il pour sa tâche. Il ne se relâcha jamais de l’application qu’il avait mise à s’informer et à s’instruire. Pendant cinquante-quatre ans, il travailla tous les jours aux affaires de l’État, discutant, pesant, jugeant, décidant avec cet admirable bon sens qui émerveillait Sainte-Beuve. Rien d’important