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riori l’image d’un jeune prince alliant les vertus d’un vieil homme d’État aux séductions de la jeunesse. Avant d’avoir atteint à la sagesse qui nous frappe et nous émeut dans ses Mémoires commencés lors de sa trentième année, le fils de Louis XIII a dû faire ses écoles d’homme et de souverain. Mais la première idée claire qu’il eut de très bonne heure, celle dont découlèrent les plus heureuses conséquences, c’est qu’il devait épargner à tout prix à la couronne et à la France les périls de nouveaux troubles intérieurs.

Jamais il ne devait perdre le souvenir de la Fronde et c’est pourquoi il s’établit à Versailles, où il était à l’abri des révolutions de Paris. Le souvenir amer qu’il en avait gardé fut fixé dans son esprit par les commentaires de Mazarin qui, découvrant les effets et les causes, lui démontra la nécessité de donner à la France un gouvernement fort. Louis, qui avait naturellement le goût de l’autorité, comprit la leçon et ne l’oublia jamais. S’il éleva, comme il fit, aussi haut la personne royale, c’est pour qu’elle ne risquât plus d’être menacée ni atteinte, ayant acquis assez de prestige et de force pour ôter à qui que ce fût jusqu’à l’idée d’entrer en rébellion contre elle.

Aussi le roi voulut-il, dès le premier moment où la mort l’eût délivré de la tutelle de Mazarin,