Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gneur a encore coutume de dire : « Ma famille avait deux châteaux. L’un a été détruit par Richelieu, l’autre par la Révolution. »


Parallèlement à la mise à la raison des grands, Richelieu poursuivit la ruine du parti huguenot qui ne tendait à rien de moins qu’à démembrer le royaume. Toute l’œuvre de consolidation monarchique et d’expansion française que s’était assignée l’évêque de Luçon risquait d’être anéantie par le développement de la faction protestante qui, sous couleur de rigorisme et de vertu, visait à renverser le vieil ordre catholique romain pour lui substituer des institutions individualistes à tendances antimonarchiques.

Richelieu pouvait d’autant moins le souffrir que toute sa politique tendait à renforcer la monarchie, et que la tranquillité du royaume était la condition des grandes affaires qu’il se proposait d’entreprendre. À quoi bon, en outre, réduire les grands si toute une partie de la population avait pu braver à loisir, derrière les remparts de villes fortes, les édits et les soldats du Roi ? Tout ce qui était fait, tout ce qui restait à faire pouvait se trouver compromis si les chefs du parti huguenot alliés avec l’Angleterre,