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Ses plus célèbres « victimes » Chalais, Montmorency, Cinq-Mars, de Thou, furent de vulgaires traîtres. Parce que d’intrépides amazones et d’aimables cavalières étaient mêlées à leurs intrigues, il a flotté autour d’eux pendant longtemps un parfum romanesque et d’aventures. À la vérité, c’étaient des criminels d’État.

Leurs exécutions successives eurent pour principal et presque pour unique effet de prouver aux grands qui s’agitaient depuis la mort d’Henri IV, que le temps était venu d’obéir, sinon qu’il y allait de leur tête.

Ils en conçurent contre Richelieu une haine mortelle et jurèrent sa mort ; dix fois leurs conjurations furent près de réussir. Le cardinal n’échappa que par miracle. Mais c’était le mal connaître que d’espérer de l’effrayer. Sûr de l’appui de son maître, il continua de se montrer inflexible dans tout ce qui pouvait nuire à la souveraineté de son prince et à la sécurité de l’État.

Jusqu’à sa mort, il dut combattre. Mais il eut le dernier mot et la tête de Cinq-Mars fut, si l’on peut dire, comme le point final de cette longue lutte, qui opposait la grande noblesse à la couronne, lutte dont celle-là sortait vaincue pour longtemps. De nos jours, un grand sei-