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prince avait entrepris n’était qu’ébauché et si l’Édit de Nantes, cette transaction, avait conjuré pour un temps le péril protestant, les grands féodaux n’attendaient qu’une occasion de reprendre au Roi de France tout ce dont les patients efforts des successeurs d’Hugues Capet les avaient privés au profit de la couronne.

Sully rapporte que dès le lendemain du crime de la rue de la Ferronnerie, on disait dans les couloirs du Louvre : « Le temps des rois est passé. Celui des princes et des grands est venu. » Le propos ne manque pas de vraisemblance.

Qu’allaient trouver devant eux, pour faire obstacle à leurs ambitions, ces turbulents qui s’appelaient Condé, Vendôme, Bouillon, Nevers, Mayenne, Soissons ? Une régente d’intelligence médiocre, un Roi de huit ans et demi, de vieux ministres appelés par dérision « les barbons », bref, un pouvoir faible que, de gré ou de force, ils espéraient plier à leurs desseins.

Peu s’en fallut qu’ils ne réussissent et que le royaume ne fût désolé de nouveau par les discordes qui l’avaient déchiré au siècle précédent. Heureusement, ils ne s’entendirent pas entre eux.

À l’insubordination des grands s’ajoutait le double péril des querelles religieuses rallumées et des ambitions démesurées de la Maison d’Autriche. Menacée à l’intérieur et à l’extérieur,