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sation, déclara qu’il parlait « au nom des communes assemblées en Parlement et du bon peuple d’Angleterre », une voix angélique, celle de la courageuse lady Fairfax, s’éleva d’une tribune pour crier : « C’est un mensonge ; pas la moitié, pas le quart du peuple d’Angleterre. Olivier Cromwell est un traître. »

Ce sentiment était celui de toute l’Angleterre non puritaine. Aussi dès le lendemain de la mort du roi, la confusion dont souffrait le pays se trouva multipliée. Jamais la bataille des sectes et des factions civiles n’atteignit un degré plus aigu que dans l’Angleterre de 1650.

Du jour où il est le maître, Cromwell voit presque toute l’Angleterre se tourner contre lui et, sans la troupe disciplinée et fanatisée qui le protégeait, il aurait rapidement subi le même sort que le Roi. Pour comble, les difficultés naquirent au sein même de cette troupe de partisans. Quand les Côtes de Fer étaient parties en guerre, c’était, leur avait-on dit, pour rétablir le Paradis sur la terre, c’est-à-dire pour avoir la liberté, l’égalité, la fraternité, et surtout le partage des biens. Or, la guerre continuait avec sa discipline et ses privations. Alors, les Côtes de Fer devinrent les Niveleurs et prétendirent prendre eux-mêmes la part qui leur revenait. La répression d’Olivier fut immédiate et inflexible.