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d’achever son œuvre. Un certain nombre de patriciens avaient résolu d’assassiner César et, redoutant de manquer leur coup s’ils l’attaquaient en public, ils décidèrent de le frapper dans l’enceinte de ce Sénat qu’il avait si profondément transformé et abaissé. Leur acte, pensaient-ils, en prendrait une signification plus grande. Préparé avec soin, l’attentat réussit. Le 15 mars de l’an 44 avant Jésus-Christ, César tomba percé de vingt-trois coups de poignard. On prend encore Brutus pour un héros et un martyr de la République. Ce n’est vrai qu’à la condition d’ajouter que cette République était celle d’une oligarchie, à peu près les « deux cents familles » que dénoncent tous les jours chez nous M. Léon Blum et le « Front Populaire » avec cette différence qu’à Rome on pouvait les nommer.

Cependant les conjurés en furent pour leur espérance. Le jour des funérailles, Antoine, premier lieutenant de la victime, ameuta le peuple contre les assassins qui furent obligés de fuir. Les autres sénateurs gardés à vue se hâtèrent de les désavouer.

Les troubles risquaient de renaître. Mais l’œuvre de César avait porté des fruits. De tous les points de l’Empire, un désir de paix et d’autorité montait, peu propre à encourager les amateurs des libertés républicaines et de l’institution