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Ce que nous savons des temps à demi légendaires de la primitive histoire romaine, montre une évolution semblable à celles des cités grecques. La vieille royauté fut renversée par l’aristocratie et regrettée par la plèbe. Aristocratique, le Sénat redoutait toujours qu’un homme populaire ne s’élevât et ne devînt le maître.

Toutefois la sagesse pratique des vieux Romains tendait à corriger les défauts de la République par l’autorité. Au contraire de la tyrannie grecque qui fut toujours extra-légale et ne s’exerça que contre une catégorie de citoyens, la dictature romaine était prévue par la loi au nom du salut public. Elle était proclamée lorsqu’un grave péril, invasion, guerre civile ou sédition militaire, mettait en danger la « chose publique ». D’une durée limitée à six mois, elle ne visait qu’à permettre au pouvoir de prendre les mesures nécessaires au salut public, sans souci de ceux qu’elles pouvaient gêner. D’où la fameuse devise : « Que le salut public soit la loi suprême. »