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devait, en 1934, le 30 juin, dans une nuit tragique, où furent assassinés le général von Schleicher et sa femme, et le chef des S. A., Rœhm, « épurer » son parti, comme on « épurait » au temps de la Révolution. On évoqua à la fois les gangsters de Chicago et le meurtre de Sejan. Peu après, le 2 août 1934, vingt ans après la déclaration de guerre, le vieux maréchal Hindenburg mourait. À la fois président et chancelier du Reich, Hitler était désormais légalement le maître de l’Allemagne, et nul n’osait plus l’attaquer ouvertement.

Une si grande fortune ne s’expliquerait pas sans la collaboration de tout un peuple, et du peuple le plus soumis aux puissances obscures de l’instinct et de la poésie.

Il est certain que Hitler compterait peu sans sa légende. Cette légende, ses ennemis la font, en colportant d’invraisemblables anecdotes, en accusant de folie et d’imbécillité l’ancien « peintre en bâtiment », en lui prêtant des mœurs contre nature, — aussi bien que ses amis, avec leur exaltation continuelle de son génie. Il faut surtout songer que le parti hitlérien a su organiser autour de ses dieux — grâce surtout à Gœbbels — tout un ensemble de musiques dont s’enivre l’Allemagne.

Sans les chants des sections d’assaut, que