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Mussolini y montre tant de violence qu’il est bientôt expulsé par la police. Mais ce retour d’Autriche ne ressemble pas au retour de Suisse. Mussolini est accueilli par les socialistes milanais qui lui confient la direction de leur journal, l’Avanti. Conseillé par Battisti, Mussolini fait campagne pour la prise du pouvoir par le socialisme, où il croit voir un instrument de régénération nationale. De 1912 à 1914, il travaille à organiser les masses ouvrières et les exhorte à se lancer à l’assaut de la bourgeoisie. C’est un agitateur marxiste mais patriote qui se refuse à agir pour le compte d’une internationale.

En juin 1914, il croit tenir l’occasion. À la suite d’une bagarre survenue à Ancône, trois ouvriers sont tués par la police. En quelques jours, l’Italie ouvrière est en feu. Presque partout la grève générale est proclamée, suivie de désordres graves. Il doit suffire d’exalter la résistance et la Révolution sera maîtresse du pays. Mussolini, qui se croit certain de la victoire, insiste pour que le mouvement soit poursuivi. Mais, à sa stupeur, les dirigeants du parti refusent de le suivre, ils reculent devant l’émeute. Bien mieux, les organisations ouvrières, savamment manœuvrées par les « parasites », décrètent la reprise du travail. La vieille société bourgeoise et son gouvernement triomphent.