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domination bourgeoise et de lui donner de meilleures conditions de vie. Après son service militaire aux bersaglieri de Vérone, où il subit plus d’une fois les rigueurs de la discipline militaire, une sorte de croissance intellectuelle le pousse à s’expatrier de nouveau. Son instinct le conduit en terre « irrédimée », à Opaglia, dans le Trentin, encore possédée par l’Autriche. C’est là qu’il rencontre l’homme par qui sa destinée va changer : Cesare Battisti.

Socialiste comme Mussolini, Cesare Battisti brûlait de patriotisme. Les Autrichiens ont probablement comblé ses vœux en le pendant : il aura vu une promesse de victoire dans le martyre. Né à Trente, il avait fait toutes ses études à Florence et, revenu dans son pays natal, n’avait cessé d’y entretenir un foyer d’italianisme exalté. D’un savoir infiniment plus solide et plus vaste que son nouveau compagnon, il acheva la formation intellectuelle de Mussolini et le persuada que ses idées sociales étaient parfaitement compatibles avec l’ambition d’une plus grande Italie, si même elles n’en étaient pas le moyen.

Ce mélange de nationalisme et de socialisme, c’est l’originalité de Mussolini. C’est ce qui explique son action. C’est la clef.

Battisti a ouvert à son disciple les colonnes d’un journal de Trente qu’il dirige, le Popolo.