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nus : on savait qu’ils avaient envahi l’Égypte, que les filles des Pharaons avaient parfois épousé des princes de cette race. La Bible fait allusion à leur empire. Les ruines que l’on découvrait en Anatolie, les statues gigantesques qui évoquent les arts crêtois ou mexicains semblaient prouver qu’on se trouvait en présence d’un royaume puissant. Mustapha Kemal annexa les Hittites, et fit enseigner leur histoire qui, reconnaissons-le, pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Par la suite, on devait remonter plus haut dans la chaîne des temps, et découvrir les Sumériens. La mode fut aux Sumériens, la grande banque turque s’appela « Sumerian Bank », et plusieurs personnalités importantes, invitées à choisir un nom héréditaire, encore à l’exemple des Européens, choisirent celui de Sumer. Mustapha Kemal, quant à lui, se fait appeler désormais M. Attaturk.

Enfin, l’œuvre la plus extraordinaire à laquelle se soit attaqué ce surprenant dictateur, est la réforme linguistique. La langue turque n’est pas pure, et les mots arabes et persans s’y rencontrent en abondance. On commença par rendre l’emploi de cette langue obligatoire, même en matière religieuse : le Coran arabe fut traduit en turc, ainsi que les livres liturgiques. Puis on se préoccupa de l’épurer.