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paysanne. Son père fut agent des douanes, puis négociant en bois. Il lui fit faire des études assez modernes, puis, après sa mort, et malgré l’opposition de sa mère, Mustapha entra à l’École militaire. En 1904, il était capitaine d’état-major.

Il s’occupait alors beaucoup de politique, s’exaltait en songeant à sa patrie corrompue et opprimée, et conspirait contre le sultan Abdul-Hamid. À Damas et à Salonique, où on l’envoya en disgrâce, il fonda des sociétés secrètes. C’était un Jeune Turc de la seconde génération, celle qui trouvait que la révolution salonicienne s’était arrêtée trop tôt.

En 1914, il était opposé à l’entrée en guerre de la Turquie aux côtés de l’Allemagne. Pourtant il fit son devoir, commanda au Caucase, et, comme général, en Mésopotamie. Il ne craignit pas d’entrer en conflit avec le général allemand Falkenhayn, qui essaya de le corrompre à prix d’or. Quelque temps tenu à l’écart, il finit par être placé à la tête d’un groupe d’armées, juste au moment où la Turquie réclamait l’armistice, et où le grand vizir commençait à vendre son pays à l’Angleterre. À ce moment-là, Mustapha était en Anatolie : on lui ordonna de licencier ses troupes, il refusa, et, en face du gouvernement de Constantinople, établit le gouvernement