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briser le mouvement. Il y parvient. On peut croire qu’il va faire maintenant la contre-révolution. Les modérés respirent. Lénine, accusé de haute-trahison, doit encore une fois franchir la frontière. Il part pour la Finlande, déguisé en chauffeur et sous une perruque rousse. Mais il emporte dans sa fuite la certitude de son succès prochain.

En effet, Kerensky s’embourbe de semaine en semaine dans une rhétorique impuissante, essayant de faire peur à la révolution avec les généraux, et aux généraux avec la révolution.

Bientôt, il commet une faute irrémédiable. Le général Kornilov, fatigué par ses atermoiements, marche sur Saint-Péterbourg. Kerensky, aux abois, fait rouvrir les prisons aux matelots et aux soldats bolcheviks qu’il a arrêtés en juillet et les lance contre le général. Kornilov se rend d’ailleurs avant d’avoir combattu. Mais Kerensky est désormais suspect aux social-démocrates, et les bolcheviks retrouvent leur liberté dans la rue.

Désormais, Lénine, de sa retraite, pousse de toutes ses forces à l’action rapide. Dans les premiers jours d’octobre, le crâne toujours orné de sa perruque rousse, il rentre en Russie et se cache dans un faubourg de la capitale.

Le gouvernement provisoire est en liquéfaction complète. Sa droite et sa gauche l’aban-