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acquise à la lutte contre le tsarisme. Dès 1896, « l’Association de Combat » formée par Lénine, groupait plus d’une centaine d’orateurs, tous intellectuels.

Grâce au fanatisme de ces militants, exprimé par la devise « Tout ou rien », et l’importance de leurs services d’espionnage, les idéologies extrémistes ne cessaient de gagner du terrain, en dépit de la censure et de toutes les forces de répression, tandis que les innombrables assassinats, attentats contre les voies ferrées, contre les banques, enfin les grèves sanglantes fomentées sous tous les prétextes, accoutumaient les partisans au risque, à l’action directe, créaient une tradition et une expérience révolutionnaires.

Cette propagande s’exerçait naturellement avant tout sur le prolétariat nouveau de Saint-Pétersbourg et des centres industriels comme Bakou, et le loyalisme monarchique manifesté dès l’abord par les ouvriers dans leurs revendications, ne pouvait résister longtemps aux menées vigoureuses des « associations de combat ».

Le ralliement des socialistes russes à l’orthodoxie marxiste était chose accomplie dès 1897. Le nihilisme, qui avait inspiré notamment les crimes du fameux « Comité exécutif », n’appartenait plus désormais qu’au passé, mais ses violences avaient trempé les âmes des futurs bolcheviks.