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ratiste qui divisa le Venezuela et la Colombie, fit de son pays le plus civilisé des États de l’Amérique du Sud. Il eut promptement raison des derniers partisans de l’unité colombienne et s’attacha immédiatement à la réorganisation financière. À côté de lui, un ministre de l’Intérieur actif et ambitieux, Rojas, le soutenait de ses conseils. Par malheur, il succomba dans des querelles soulevées par ses adversaires et ses amis, jaloux de son pouvoir, et dans une guerre civile fédéraliste. Il ne mourut qu’en 1873, exilé à New-York, et âgé de quatre-vingt-trois ans.

Sous l’autorité de ses successeurs, dont le plus important est Falcon, le pays fut longtemps à retrouver le calme. Malgré l’attrait que peut présenter la figure à demi barbare du gaucho Paez, il faut dire qu’il a sans doute manqué au Venezuela un sens plus vif de ses intérêts nationaux et des partis moins acharnés. Cependant, ce n’est que sous la vigoureuse dictature de ses chefs provisoires que le Venezuela a pu connaître la prospérité. Après des luttes interminables, il s’y fixa par deux fois pour une durée assez longue, en 1875 d’abord, sous le pouvoir de Guzman Blanco. C’est ce dictateur qui, à son lit de mort, prononça ce mot célèbre : comme son confesseur lui demandait de pardonner à ses