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comme un penseur humanitaire, nourri des philosophes du XVIIIe siècle, alors que l’homme était âpre, violent et ne reculait devant aucune exécution et aucun acte sanguinaire. Et pourtant ce violent était aussi, très certainement, un homme tendre dans sa vie privée, et capable de bonté et de charité dans sa vie publique. Il y a chez lui, dans un ensemble indiscutablement génial, de l’observateur et du rêveur, un farouche llanero comme Boves ou Paez, un législateur souvent profond, un connaisseur de la nature humaine.

Aujourd’hui, on commence à comprendre que le dictateur colombien était avant tout un positiviste, un réaliste. Il a écrit de dures phrases sur les codes « fabriqués par de doux visionnaires qui, imaginant des républiques aériennes, ont voulu s’élever à la perfection politique en présupposant la perfectibilité du genre humain ». Malgré ses déclarations républicaines, il était aussi opposé que possible à la démocratie, et la définissait comme un état de choses « si débile que le moindre embarras le bouleverse et le ruine ».

On pourrait tirer de ses pensées le plus sévère réquisitoire contre le gouvernement parlementaire :

« La liberté indéfinie, la démocratie absolue