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égorgea sur sa tombe les femmes, les enfants et les vieillards de la ville d’Uriqua.

Cependant, un peu partout, la cause de l’indépendance gagnait du terrain. La vice-royauté de Buenos-Ayres s’était constituée en État indépendant. Montevideo, dernier espoir des royalistes, avait capitulé. Bolivar, à la tête d’une armée reconstituée, remporta quelques victoires et reconquit bientôt le Venezuela, proclamé république une et indivisible. On lui offrit un roseau surmonté d’une tête d’or, « emblème de l’autorité suprême dans un pays qui peut ployer sous le vent de l’adversité, mais qui ne sombre pas ».

Il venait d’ailleurs de trouver un lieutenant dans la personne de la plus grande figure de l’Amérique latine après lui-même, Paez. Paez, comme Boves, était un llanero. Il était même Indien et devenu l’idole des gauchos qu’il rallia vite à la cause de l’indépendance dont ils étaient d’abord très éloignés. On racontait sur lui des choses surprenantes : il chassait les royalistes en lâchant sur eux des buffles sauvages ; il inondait les prairies ; il avait pris dans les grands fleuves plusieurs canonnières à la nage avec ses hommes à cheval ; il pouvait tuer à la lance jusqu’à quarante hommes. À la tête des llaneros de la plaine d’Apure, Paez devint