Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fils avait écrit (ou a toujours écrit beaucoup dans cette famille) un Manuel d’artillerie, des Rêveries poétiques, des Considérations sur la Suisse. Il restait en relations avec les chefs bonapartistes et les républicains, unis dans la haine des Bourbons et des Orléans. Un jour, il s’imagina que l’heure était venue : il avait gagné un colonel de Strasbourg, crut la garnison à lui, se présenta dans la ville, et fut presque aussitôt arrêté. Hortense fit intervenir ses amis, Mme Récamier en particulier, et on gracia le prétendant, d’une manière adroite et un peu humiliante.

Il s’embarqua pour l’Amérique, et en revint pour voir mourir sa mère, à laquelle il devait tant. Le testament politique d’Hortense est un chef-d’œuvre de sens pratique et d’audace : « Le rôle des Bonaparte, disait-elle, est de se poser en amis de tout le monde. Ils sont des médiateurs… Ne nous fatiguons jamais d’affirmer que l’Empereur était infaillible et qu’il y avait un motif national à tous ses actes… On finit par croire ce qu’on dit à satiété… En France, on a facilement le dessus dans les discussions quand on invoque l’histoire. Personne ne l’étudie et tout le monde y croit… Je vous l’ai dit : surveillez l’horizon. Il n’est comédie ou drame qui, se déroulant sous vos yeux, ne puisse vous fournir