Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les conjurés, se fit enlever de la tribune par dix hommes, et, au dehors, devant les troupes, accusa les Cinq-Cents de n’être que « les représentants du poignard » en révolte contre la loi. Son éloquence eut raison des dernières hésitations, les grenadiers s’élancèrent et chassèrent les députés de la salle des séances.

Avant de quitter Saint-Cloud, on rattrapa dans les bois trente ou quarante législateurs en fuite, on les parqua, et, aux chandelles, on leur fit voter l’institution de trois consuls. Le 18 Brumaire avait réussi.

Le lendemain, la Constitution nouvelle ne s’afficha pas d’une manière tapageuse. Elle était l’œuvre de Sieyès, établissait des listes de notabilités, abolissait pratiquement la souveraineté du peuple, les libertés publiques et parlementaires. En haut de sa pyramide, Sieyès plaçait un Grand Électeur chargé de désigner deux consuls, l’un de la paix, l’autre de la guerre. Bonaparte refusa le poste de Grand Électeur, et l’on revint à l’idée des trois consuls, dont l’un aurait la préséance. Ce fut naturellement le jeune général. Le second consul fut un régicide modéré, Cambacérès ; le troisième un secrétaire de Maupéou, un représentant de cette « révolution » tentée sous Louis XV contre le Parlement, Lebrun. C’était un choix significatif que cette