— Il faut que vous me disiez toute la vérité au sujet de votre ami. Je veux la franchise la plus absolue en réponse aux questions que je vais vous poser.
— C’est promis, Inspecteur.
— Depuis combien de temps avez-vous fait la connaissance d’Arsène Frigon ?
— C’était un ami d’enfance. Mais nous nous fréquentions régulièrement depuis trois ans et devions nous marier dans deux mois.
— Vous parlait-il de son ouvrage ?
— En général seulement. Je savais qu’il travaillait dans le bureau des ingénieurs-dessinateurs pour les canons, mais jamais il ne m’a touché un mot sur le détail de quoi que ce soit, concernant les armes.
— Il était donc discret ?
— Absolument. J’en suis certaine.
Et la ferveur que la jeune fille mettait dans son affirmation, prouvait suffisamment qu’elle-même était bien sincère.
— D’après vous ainsi, il est impossible que votre fiancé ait pu s’aboucher avec des ennemis de notre pays ?
— Aucun doute là-dessus.
— Avait-il bonne réputation à l’usine ?
— Tout a très bien été jusqu’à il y a un mois. Ses camarades l’estimaient beaucoup et ses supérieurs en étaient très satisfaits.
— Qu’est-il arrivé il y a un mois ?
— Il est tombé malade et a dû visiter une clinique. C’est à ce moment que les troubles ont commencés.
— Procédons par ordre. De quelle maladie souffrait-il ?
— Il était devenu nerveux et ne pouvait plus dormir.
— Il avait fait du surmenage, je suppose ?
— Oui. En général il travaillait trois soirs par semaine.
— Quelle est cette clinique où il a été traité ?
— On l’appelle la clinique Palmer. Il y a là plusieurs médecins, qui traitent en partie des ouvriers d’usines de munitions, d’après un plan nouveau, qui peut s’assimiler à un genre d’assurance.
— Expliquez-moi cela.
— Les patients de cette institution sont recrutés chez les ouvriers. Un père de famille, même un célibataire, paye