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aurait dit que son sourire mielleux n’indiquait rien de bon, quand il reprit :

— Si réellement vous avez à voir le Dr Palmer, je puis vous annoncer. Il est en train de pratiquer une opération très délicate et il ne voulait pas qu’on le dérangeât. Dans votre cas cependant, je crois bien que je puis me permettre…

— Arrangez-vous pour le faire prévenir aussitôt qu’il aura fini. J’attendrai si vous me le permettez.

— Alors vous allez m’excuser. J’ai plusieurs patients qui m’attendent. Il y a des journaux. Distrayez-vous en attendant. Je vous promets de voir le Dr Palmer pour vous dès qu’il sera libre.

— Merci, Docteur.

Le détective Tremblay trouvait bien étrange la conduite du Dr Chantre. Il était bien possible que le Docteur Palmer fut à opérer, mais il aurait bien pu le dire tout de suite.

Pourquoi ces tergiversations ?

Il attendit donc patiemment.

C’était le grand calme dans le bureau. On aurait dit qu’il n’y avait plus personne dans l’immeuble.

Mais il se dit aussitôt que les murs devaient être à l’épreuve du bruit. Ce n’était que naturel dans un hôpital.

Soudain la lumière du bureau s’éteignit.

Il se leva d’un bond pour se diriger vers la porte de sortie.

Mais une voix se fit entendre, dans cette direction, qui disait :

— Veuillez m’excuser, monsieur. Je pensais qu’il n’y avait personne dans le bureau du Dr Chantre et j’ai fermé.

Les pas s’approchaient.

Le nouveau venu voulait probablement faire la lumière du dedans et il devait chercher le commutateur.

Le détective perçut plutôt qu’il n’entendit un souffle court, comme celui d’une personne qui fait un effort…

L’explication ne se fit pas attendre.

Ce fut comme une locomotive qui lui tombait sur la tête.

Il n’eut même pas la force de lever le bras. Il sentit le plancher monter, puis il se mit à tourner, se confondant avec le plafond.

Puis ce fut le vide absolu.