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— Bien non. C’est elle. C’est toujours la même…

— Il n’y a rien à faire, il est complètement fou, dit enfin l’Inspecteur, découragé. Ramenez-le sergent.

Comme les deux constables tentaient de diriger leur homme vers la porte, celui-ci se mit à crier plus fort qu’auparavant :

— La tête de Mort ! La tête de Mort !

— Ramenez-le, ordonna l’Inspecteur.

Puis à Orner Frigon :

— Y a-t-il longtemps que vous la voyez ainsi cette tête ?

L’autre paraissait revenir à lui. Non pas qu’il ne cessait d’avoir peur, mais il semblait être plus en état de soutenir une conversation qu’auparavant.

— Elle me suit la tête de mort, depuis des nuits et des nuits.

— Comment cela a-t-il commencé ? Voulez-vous me le dire.

Julien Durand qui connaissait son affaire, parlait maintenant avec une grande douceur et cela avait l’air d’avoir un effet calmant sur le malade.

— C’est quand j’ai tombé malade…

— Y a-t-il longtemps de cela ?

Frigon parut faire un effort de mémoire, puis dit :

— Il y a quinze jours. Mon frère aussi la voyait. Ah ! comme c’est terrible.. !

— Votre frère Arsène, dites-vous ?

— Oui. Mais lui c’était bien pire. Il n’en dormait plus depuis des mois.

Émile Tremblay s’approcha de son ami pour lui dire en aparté :

— Faut-il penser que c’est pour cela qu’Arsène Frigon était si triste, ainsi que les deux autres, Benoît et Lévesque…

— Tu as quelque chose là. Mais j’y pense. Attends un peu.

Se tournant de nouveau vers le jeune Frigon, Julien Durand demanda :

— Où vous faisiez-vous traiter, lorsque vous êtes tombé malade ?

— À la clinique Palmer, comme mon frère. Nous avions une assurance conjointe pour la maladie…

— Et c’est là que vous êtes allé, n’est-ce pas ce matin, à votre retour de la Sûreté ?