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gions inconnues des savants, et où n’avaient pénétré avant lui que quelques militaires anglais, plutôt par esprit d’aventure que par curiosité scientifique. Entouré de privations sans nombre, condamné, pendant de longs mois, à l’isolement absolu, soumis aux rigueurs d’un campement périlleux sur des monts de glace ou dans des plaines brûlantes, nulle part, en aucun temps, sa constance ne s’est démentie ; on le voit insensible à ces fatigues, à ces souffrances de tous les jours, comme aux séductions de la vice-royauté de Cachemyr, que lui offrait son ami Runjet-Sing. Une récompense méritée, un glorieux souvenir de la patrie vint à cette époque soutenir ses forces : il reçut la croix de la Légion d’honneur.

Mais il ne devait pas rapporter aux siens ce noble prix de ses rudes travaux. Après trois ans et demi de voyages, il mourut à Bombay, le 7 décembre 1832, ayant puisé dans les marais empestés de l’île de Salsette le germe de la maladie qui devait si rapidement l’emporter.

Telle fut cette existence à la fois et si courte et si pleine.

Ce savant qui enrichissait la science, ce causeur qui créait en se jouant une œuvre hors ligne en littérature, repose sur cette terre brûlante des Indes. Une simple pierre marque son tombeau ; mais sur cette pierre on voit un nom entouré du respect et de la sympathie du monde entier, et que les siens ont recueilli avec fierté, comme un patrimoine de noblesse. Ni louanges ni