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croyance religieuse, car en bien d’autres matières il était complètement sceptique.

En partant pour l’Inde, il ne se dissimulait pas qu’il allait employer les plus belles années de sa vie seulement à recueillir des matériaux qu’à son retour il aurait à mettre en œuvre. Bien qu’il ne fût pas insensible à la gloire, il ne se faisait pas d’illusion sur celle qu’il pouvait espérer. « Le mérite d’un savant, disait-il, demeure toujours à peu près incompréhensible à la foule. Elle n’y croit que sur le passe-port que lui donnent quelques savants patentés ; mais leurs arrêts sont bien incertains. Beaucoup, par jalousie, maltraitent ceux qui se distinguent ; et, parmi les plus honnêtes, il y en a peu qui voient avec plaisir qu’on découvre quelque chose de nouveau dans le sentier qu’ils ont parcouru. Combien plus heureuse est la carrière d’un homme de lettres ! C’est à tout le public qu’il s’adresse ; tout le monde le comprend et peut l’apprécier, sans aller demander l’opinion de tel ou tel juge plus ou moins