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pas la douleur, il croyait qu’un homme devait toujours trouver en lui la force de la supporter ; en outre, qu’il devait s’exercer sans cesse à se vaincre lui-même. Plus d’une fois j’ai assisté à des combats entre ses nerfs et sa volonté, et je crois que la victoire lui coûtait cher.

Il tenait de son père ce pouvoir de dominer ses émotions, et ce n’était pas leur seul point de ressemblance. Le dernier jour qu’il passa à Paris, je dînai avec lui, son père et son frère Porphyre. Le repas fut loin d’être gai ; mais un étranger ne se serait pas douté, je pense, que cette famille si unie allait se séparer pour longtemps d’un de ses membres. Lorsque l’heure du départ fut venue, Victor embrassa son père en lui disant : « Je compte que vous aurez soin de vous. Évitez les rhumes. — N’aie pas peur ; donne-nous de tes nouvelles quand tu pourras, » répondit le père en ôtant ses lunettes et en prenant un volume de Walter Scott qu’il lisait alternativement avec quelque ouvrage de métaphysique. Une vieille servante fondait en