Page:Jacquemont - Correspondance inédite de Victor Jacquemont avec sa famille et ses amis, tome 1.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parole de gentleman que votre ami n’est pas un espion du gouvernement français ? — Assurément ! s’écria Sharpe. Mais pourquoi cette question ? — Parce que, s’il en est ainsi, je vais vous donner une lettre de recommandation pour lui. — Mais vous lui en avez déjà donné une douzaine pour des officiers de la Compagnie. — Oui, des lettres comme on en donne quelquefois ; maintenant, il en aura comme on n’en donne jamais. » Jacquemont n’avait vu que deux fois ce directeur obligeant et soupçonneux.

Son procédé pour plaire consistait à ne rien cacher de ses idées et de ses sentiments, à être parfaitement naturel. Peu de gens sont insensibles à cette franchise, lorsqu’elle est accompagnée d’un esprit original et d’une solide instruction. Je l’ai quelquefois entendu accuser de penchant pour le paradoxe. À mon avis, ce n’était nullement son défaut. Au contraire, dans toute discussion où il prenait part, il était, ou du moins croyait être, du côté de la vérité ;