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ce régime contracte un mauvais goût et manque de délicatesse. Les œufs même n’ont pas cette finesse si appréciable chez les poules qui mangent la nourriture ordinaire de la ferme.

L’établissement des verminières, outre les mêmes inconvénients énumérés ci-dessus, présente encore celui de coûter très-cher.

Le sang, qui ne peut être donné que frais dans les pâtées de son et d’herbages, et qui doit être cuit avec une extrême précaution, est ce qu’il y a de moins dangereux ; mais j’ai vu que les animaux s’en dégoûtaient bientôt.

La seule chose qui me paraisse possible et peut-être bonne est l’emploi des œufs de fourmi, quand les poulets sont jeunes.

En résumé, il faut se servir de son jugement et de ses observations pour modifier à propos ce que le pays où l'on se trouve offre de ressources, et adopter ce que l’expérience démontre être le meilleur.

Ainsi, en Normandie, dans le pays d’élève par excellence, les poulets ne sont nourris, jusqu’à deux ou trois mois, qu’avec de la pâtée d’orge cassé ; à cet âge, ceux qui sont destinés à la table sont soumis à l’engraissement, et l’on commence seulement à donner un peu d’avoine et de blé à ceux qui sont gardés pour la reproduction. Petit à petit, les rations de graines sont augmentées, et les animaux adultes finissent par être nourris comme partout. Il est vrai que, dès leur naissance, les élèves courent librement à travers les prés touffus, où ils trouvent de l’herbe et des insectes en abondance.

Je rappellerai encore, quoique j’en aie déjà parlé, qu’il est indispensable et que je regarde comme une des premières conditions de réussite que le terrain d’élevage soit pourvu d’un vaste gazon bien fourni ; il faut, s’il se peut, y ajouter des plantations de salades, choux, colzas, navets, oseilles, betteraves, etc. Lorsque, vers le troisième ou quatrième mois de l’élevage, les produits des semis ont été dévorés, on prend des betteraves, navets ou choux tout élevés, et l’on en fait un re-