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et portés au terrain, on arrive auprès de la boîte destinée a les recevoir. La mère est introduite dans son compartiment, les poussins sont glissés doucement un à un sous son plastron ; on étale devant la mère et tout près d’elle, afin qu’elle ne se lève pas, la pâtée que nous indiquerons plus tard et du millet. La mère, toute bouffie, toute boursouflée, partagée entre la joie de couvrir sa nombreuse famille et la crainte de se la voir ravir, se met, aussitôt qu’on s’est un peu reculé, à faire une multitude de petits cris significatifs que les poussins comprennent parfaitement, et bientôt on les voit sortir en flageolant sur leurs petites jambes encore mal assurées. La mère fait semblant de manger pour leur montrer comment on s’y prend, leur brise en menues miettes la mie de pain un peu trop forte, et en présente tantôt aux uns, tantôt aux autres. La leçon n’est pas longue à porter ses fruits. Chacun fait quelques essais d’abord infructueux, et, au troisième ou quatrième coup, finit par saisir une miette ou un grain ; et tout le monde de déjeuner copieusement.

La couvée retourne bientôt sous la mère chercher cette chaleur vitale qu’aucune couveuse ou mère artificielle n’a pu remplacer encore dans nos climats.

Il faut que, pendant les premiers jours après l’éclosion, il fasse une terrible chaleur pour que les poussins ne soient pas presque toujours sous la poule.

On donne à manger quatre ou cinq fois les premiers jours, parce que la mère dévore tout ce qui reste après chaque repas, et l’on met, le premier jour, la petite auge à boire dans la case de la poule et tout près d’elle, en ayant soin de renouveler l’eau qu’elle boit presque de suite à son arrivée. Quelques poulets, en la voyant boire, l’imitent, d’autres n’apprennent que par hasard à satisfaire ce besoin, en tombant le bec dans l’eau ; ils lèvent alors la tête et avalent la goutte ; surpris de cette bonne aubaine, ils recommencent, et les voilà au courant de la vie.

Le troisième jour, la nourriture des poussins est placée de