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Quant au mode d’application de l’huile, j’ai suivi exactement les indications de Réaumur. Je me suis servi tantôt d’huile d’olive, et tantôt d’huile à brûler ordinaire ; j’ai reconnu, comme Réaumur, que la couche d’huile qui protège les œufs peut être d’une minceur extrême. Il suffit, en effet, de bien frotter la coquille avec un doigt enduit d’huile, en ne laissant aucune place intacte ; puis on essuie la coquille avec un papier, jusqu’à ce qu’elle ne tache plus. La très-petite épaisseur d’huile suffit alors pour une protection efficace. Quant à l’époque de l’application, il est évident qu’elle doit se faire à une époque aussi près que possible de la ponte, parce qu’alors la chambre à air n’a pas commencé à se former ; mais cependant j’ai réussi à retarder le développement sur des œufs pondus depuis un jour ou deux.

Je n’ai pas encore expérimenté la durée du procédé ; c’est un sujet que je me propose dans mes expériences de cette année ; mais il est évident que cette question est subordonnée à celle de l’enlèvement facile de l’huile, question qui n’est point encore résolue.

Je regrette vivement, monsieur, de ne pouvoir vous donner des renseignements plus complets, et que l’inexactitude du Bulletin ait donné a mes expériences une portée que je ne leur avais point attribuée. Toutefois l’intérêt que cette communication a excité dans la Société, et dont votre lettre est une preuve, m’engage vivement à continuer mes expériences, afin d’éclairer complètement la question. Aussitôt que j’aurai obtenu des résultats définitifs, je me ferai un plaisir de vous les communiquer.

Veuillez recevoir, monsieur, l’assurance de ma haute considération.

C. Dareste.

On sait que, sur les œufs anciennement pondus et transportés par la suite, il en peut éclore quelques-uns ; mais beaucoup manquent, et en voici les raisons :

Qu’un œuf soit couvé ou non, il s’établit, par évaporation, au bout de très-peu de jours, à l’intérieur et à l’une des extrémités, un vide qu’on nomme chambre à air. Ce vide augmente incessamment, et au bout d’une quinzaine il est considérable. On comprend alors que le ballottage devient une cause de désorganisation inévitable, qui disparaît lorsque l’œuf est expédié frais pondu, puisqu’il est alors tout à fait plein. En effet, qu’on remplisse d’huile et d’eau une bouteille, en n’y laissant subsister aucun vide, il sera difficile d’y déterminer, même par une secousse violente, un mouvement appréciable des liquides,