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mais beaucoup trop long, d’analyser les travaux et de décrire les appareils. Toutes ces expériences ont prouvé la difficulté de s’approprier le secret des Berméens d’Égypte : malgré la découverte du thermomètre, nos savants n’ont jamais pu égaler la précision de ces pauvres paysans du Caire qui, dépourvus de tout instrument pour mesurer la température, règlent cependant leur feu avec tant d’habileté, qu’ils réussissent à faire éclore la presque totalité des œufs.

« On a dû reconnaître qu’un procédé nécessaire et praticable dans certains pays ne présentait en France ni les mêmes avantages ni les mêmes facilités. Il paraît que sous le climat de l’Égypte les poules se refusent obstinément à couver, et qu’elles contraignent ainsi l’homme à employer des moyens artificiels pour obtenir des poussins, tandis que chez nous on n’éprouve pas la même disette de bonnes couveuses. D’un autre côté, le ciel chaud de l’Afrique est si favorable à la santé des jeunes poulets, qu’ils peuvent se passer des soins maternels ; en France, le plus difficile n’est pas de faire éclore, mais d’élever ces frêles créatures, incapables pendant longtemps de supporter l’influence directe d’un climat humide et froid.

« Cependant quelques personnes intelligentes et soigneuses ont réussi à surmonter ces obstacles, et, en prenant la précaution de mettre d’abord leurs poussins dans des appartements de moins en moins chauffés, elles sont parvenues à les accoutumer graduellement à la température extérieure. Mais les moyens ingénieux, tels que les mères artificielles en peaux d’agneaux garnies de leur laine, mis en usage par des amateurs patients, ne sauraient être facilement employés par le commun des ménagères ; et, tout en payant un juste tribut d’éloges aux hommes habiles qui ont perfectionné en France et en Angleterre les diverses méthodes d’incubation artificielle, nous devons dire qu’il est infiniment plus sûr, plus commode et probablement moins coûteux d’élever des poulets à la manière ordinaire. »