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ceux qu’il faut conserver pour l’hiver. Un dicton acquiert une grande valeur quand il est confirmé par le raisonnement.

« Il est certain que vers le 15 août le coq se relâche dans ses amours : il semble épuisé, et la nature l’invite à réparer les pertes de neuf à dix mois de fécondité. Cependant sa galanterie habituelle ne se dément pas ; mais il se borne à des caresses, à des discours amoureux, à donner le coup d’aile. Les poules, qui ne sont pas exigeantes, pondent des œufs clairs qui se conservent longtemps. C’est aussi vers cette époque que commence la mue, maladie annuelle, et qui peut également contribuer à ce manque de fécondation.

« En 1849, nous plaçâmes sous une poule couveuse douze œufs, dont six étaient fécondés ou au moins considérés comme tels ; les six autres, récoltés de deux poules séquestrées depuis plus de trois mois, devaient être considérés comme clairs ; les uns et les autres subirent toutes les phases de l’incubation naturelle. Après vingt-deux jours, les six œufs clairs offraient seulement un blanc un peu plus liquide ; mais le jaune, qui était à l’état naturel et sans aucune apparence d’altération à l’œil, à l’odorat et au goût, s’est coagulé par la cuisson, et, sans être bon, il était mangeable.

« Quatre œufs fécondés donnèrent des poulets, mais les deux autres, dont les germes ne s’étaient pas développés, par des causes que nous ignorons, offraient dans leur intérieur leurs humeurs décomposées en un liquide homogène, ayant l’aspect et l’odeur sui generis des œufs pourris.

« Pendant plus de six mois, nous eûmes l’occasion de faire la même remarque sur les œufs des grands couvoirs artificiels de MM. Tricorne et Adrien jeune, à Vaugirard.

« Il résulte donc de tous ces faits et expériences très-concluantes que les œufs clairs qu’on obtient aux premières époques de chaque automne se conservent très-longtemps pour les causes susindiquées, et qu’on peut obtenir le même résultat aux différentes autres époques de l’année, par la sup-