comme appartenant à une espèce distincte, portant le nom de carouges, nom qui ne doit s’appliquer qu’au cyprinus carassius, avec lequel, il est vrai, les carpes ont quelques points de ressemblance. Elles sont généralement rejetées comme poissons inférieurs.
« Si, dans ces conditions, la forme et la couleur ont subi des modifications fâcheuses, la chair n’a pas été plus épargnée : elle est molle, fade, et n’offre jamais, chez les individus de quelques kilogrammes, cette belle teinte rose saumoné et le goût fin qui font le mérite des carpes de ce volume et de bonne nature. On a donc par ce moyen, et en quelques années, complètement annihilé ses produits, et l’on se trouve contraint de chercher ailleurs d’autres types dont l’origine est souvent inconnue, et qui peuvent déjà porter en eux un commencement d’altération.
« Si les altérations que je viens de signaler chez les carpes se rapprochent beaucoup de la dégénérescence albine, que faudra-t-il penser de celles que présentent les magnifiques cyprins de la Chine, aux couleurs si vives et si brillantes, et qui, renfermées dans nos bassins, leur reproduction livrée à toutes les chances du hasard, deviennent entièrement blancs ? Sont-ce là de véritables albinos ? Je ne conserve aucun doute à cet égard.
« Je dois, pour compléter la série de mes observations, vous signaler encore ce qui se passe dans l’élevage des insectes, qu’en raison de mon goût pour l’histoire naturelle entomologique j’ai dû pratiquer assez souvent. Si, après avoir trouvé une femelle fécondée d’un lépidoptère considéré comme rare, l’on veut élever les chenilles nées des œufs qu’elle aura pondus, les produits, si tous les soins qu’ils réclament leur ont été donnés, sont aussi beaux que ceux qu’on rencontre dans la nature. Élève-t-on des vers provenant de cette première éducation, l’on éprouve plus de difficulté pour en amener un certain nombre jusqu’au moment de leur transformation en chrysalides, et les papillons sont généralement plus