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« Cette altération, fréquente dans certaines espèces, ne se produit que difficilement chez d’autres ; quelques-unes enfin semblent y échapper tout à fait, si l’on ne veut voir d’albinos que là où toute couleur a disparu, et où même la matière colorante de l’œil fait défaut. Quant à moi, j’envisage la question sous un point de vue plus large, et je tiens pour albinos, ou au moins en vue d’albinisation, une grande partie de nos races blanches, dont les types, dans la nature, sont toujours colorés. Ce qui donne quelque force à ma manière de voir, c’est que toutes ces races sont plus petites, plus chétives et d’une éducation plus difficile. Nos volailles blanches, poules, dindons et canards, n’arrivent jamais à l’état adulte dans les mêmes proportions numériques que nos volailles aux brillantes couleurs. J’ai vu beaucoup de ces sujets albins, et tous provenaient d’unions successives entre proches parents. J’ai même produit, à ma volonté, des albinos, et cela à la quatrième ou cinquième génération, chez le lapin domestique, cette pauvre victime qui se prête si docilement à toutes nos expériences d’histoire naturelle, de médecine et de physiologie.

« L’homme nous offre des exemples encore assez frappants d’albinisme, et cette altération se rencontre surtout chez les peuplades peu nombreuses et à demi sauvages où les unions entre parents doivent être fréquentes ; nous l’observons également dans les pays civilisés, et principalement dans les petits centres de population, où certaines familles cherchent volontiers des alliances dans leur propre sein. J’ai été à même de voir trois albinos humains, deux nés de la même mère, mais dont l’origine paternelle est restée couverte d’un voile qu’il n’a pas été possible de soulever. Le troisième provenait d’un mariage entre cousins germains, qui habitent une commune du département de l’Oise ; comme ses semblables, il était d’une bien chétive constitution, et traîna sa triste existence jusque vers sa seizième année, époque il laquelle il mourut.