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Ces croisements donnent des produits énormes, précoces et délicieux, si l’on nourrit les élèves à satiété, et s’ils sont tenus dans de bonnes conditions hygiéniques. Au bout de deux ans l’on doit détruire les coqs et jeter de nouveau quelques étalons de race dans la basse-cour, afin de renouveler le sang. Mais il est préférable d’employer, dans cette opération, les coqs indigènes crèvecœur, houdan, dorking, une espèce après l’autre, chacune pendant deux ans et ensuite le coq exotique, cochinchine, pour le même temps. De cette façon, on entretient la basse-cour dans un état splendide ; on peut même, dès la première année, si l’on a deux fermes, ou deux basses-cours, en peupler une par le moyen ci-dessus, et l’autre, en y mettant les poules exotiques avec les coqs indigènes, ce qui fera la contre-partie, et sera un intéressant sujet d’étude. C’est ici l’occasion de faire une remarque bien importante :

On sait que les espèces indigènes donnent presque toutes des produits assez difficiles à élever, surtout en dehors de leur pays, et l’on sait aussi, mais à n’en pas douter, que la cochinchine et la brahma donnent des poussins d’une rusticité inouïe. Sur trente brahmas et dix cochinchines élevées dans un clos de huit ares environ, bien fourni de gazon, il s’est élevé trente brahmas et dix cochinchines tous beaux, vigoureux, sans un seul accident et sans une seule maladie. Quoique je n’aie pas fait l’expérience avec des races indigènes, il n’est pas probable que, si elle avait été faite, ce résultat eût été obtenu. Je pense donc que les produits venus de poules indigènes et de coqs exotiques doivent être d’une éducation bien plus difficile que ceux venus de poules exotiques et de coqs indigènes, sans qu’il y ait grande raison de croire ces derniers inférieurs aux premiers. Mais, malgré toutes probabilités, il ne faudrait pas abandonner un essai pour faire l’autre ; il faut les faire tous les deux, ou s’entendre avec quelqu’un pour partager les sujets qu’on aura obtenus, de façon que la première expérience soit faite par l’un et la seconde par l’autre.

Ce n’est pas sans de très-sérieuses raisons que je recom-