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voyage au pays des brahmes.

— Louange à Brahma et à son saint, lui répondit Soudama.

— Tes troupeaux périront, et au milieu de l’affreuse tempête qui viendra de la mer, les génisses ne reconnaîtront plus la voix plaintive de leurs petits, l’éléphant affolé se sauvera dans les réduits les plus obscurs des montagnes et des bois.

— Brahma est Brahma, et sa volonté est la loi.

— Tes enfants seront tous frappés jusqu’au dernier, tu ne reconnaîtras plus la place où fut ta maison, et il ne te restera pas même une aiguière pour puiser ton eau, une téselle de terre pour faire cuire ton riz, un bâton pour te soutenir dans ta marche, une pierre pour y poser ta tête.

— Que Brahma soit béni dans sa colère !

— Et comme l’étranger s’apprêtait à partir, Soudama lui dit : Qui es-tu, toi qui, après avoir mangé avec moi et t’être reposé sous mon toit, viens m’annoncer de pareils malheurs ?

— Je suis celui qui annonce à tous, depuis le pays de Madura jusqu’au pays de Gangea, la venue du grand vent de la mer, qui entraîne dans sa course rapide Ma (la lune) et les étoiles, qui fait pâlir Sourya (le soleil) et fait voler dans les airs comme un fétu de paille les arbres vieux de plus de dix générations.