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voyage au pays des brahmes.

Juana, que le vieux Soarès, voyant que je me promenais solitaire sous la vérandah, en fumant mon cigare, s’approcha de moi, et me dit à voix basse :

— Est-ce qu’aucune des senoras de la maison n’a eu le don de plaire à Votre Excellence ?

Voilà où en sont aujourd’hui la plupart des descendants des Vasco de Gama, des Almeida, des Cabral, sur cette côte encore toute farcie de moines, de fraters mendiants, de couvents et de souvenirs de l’inquisition. Cette race de métis, appelés aussi dans l’Inde topas, ou gens portant chapeau, quelle que soit la nationalité de leur ascendance, est plus méprisée que la caste la plus infime des Indous. Ces topas, issus d’Européens et de mères indigènes, ont pris tous les vices des deux races, sans avoir retenu une seule de leurs bonnes qualités. Dans la plupart des familles topasines de l’Inde, les femmes mariées ou non sont à la disposition des voyageurs, mais dans le but unique d’en tirer profit, tandis que dans celles des castes indoues où pareilles coutumes existent, les femmes ne s’y soumettent que pour exercer la vieille hospitalité de l’Orient caractérisée par ces trois mots sanscrits :

Nikaya — Nikara — Nikniga.